Des bouchons solidaires de l'environnement

Depuis juillet 2024, les bouchons en plastique sont attachés à leur bouteille. Cela découle d’une initiative européenne visant à réduire la pollution générée par le plastique à usage unique. 

Un processus législatif serein

En 2019 la Commission Européenne émet une directive sur l’utilisation de plastique à usage unique. Ce document a pour vocation à être débattu au Parlement pour qu’en ressorte un texte de loi à appliquer dans les États membres. La société civile a eu sa voix au chapitre ; en témoigne Maria Nikolopoulou, membre du Comité Économique et Social Européen. Elle représente les intérêts des industriels et des travailleurs auprès des institutions européennes. En tant que rapporteur de l’avis du Comité sur la directive de la Commission, Nikolopoulou témoigne du consensus entre toutes les parties prenantes sur le postulat de départ : « Nous avons un énorme problème avec la pollution plastique en Europe ».

Les commissaires ont focalisé leurs travaux sur les dix déchets plastiques les plus communément retrouvés sur les plages européennes. Selon les objets et les éventuelles alternatives non-plastiques présentes sur le marché, ceux-ci ont fait l’objet d’interdiction ou de transformations. Depuis 2021, les consommateurs européens n’ont plus accès à des couverts ou des pailles en plastique, par exemple. Dans le cas des bouchons, Bruxelles s’est accordé sur un changement de design pour qu’ils demeurent accrochés à leur bouteille.

Une solution limitée mais avec un réel impact

Pour Nikolopoulou, le texte aurait pu aller plus loin, notamment en incluant plus d’objets. Elle souligne néanmoins une évolution dans l’attitude des industriels face à ces mesures. Après une réticence à l’idée d’investir dans un nouveau design, ils ont accepté cette solution à laquelle ils préféraient le recyclage ou la consigne plastique. Ces alternatives transposent effectivement les coûts sur les collectivités ou les individus, tandis que la transformation de l’objet même implique un effort de la part des producteurs.  

Derrière ce relooking se cache le double enjeu du tri et du recyclage. Séparés de leurs bouteilles, les bouchons se perdent facilement au moment du tri, ce qui a donné le jour à une myriade d’initiatives visant à les récolter séparément. Leur présence sur la bouteille assure la possibilité de recycler systématiquement ce plastique. 

La transformation des bouteilles plastique fait écho à celle, 50 ans plus tôt, des canettes en aluminium. L’anneau qui permettait de les ouvrir se séparait de la canette, créant des tonnes de déchets ainsi qu’un risque d’ingestion. La création en 1975 d’un nouveau design permettant de conserver le système d’ouverture attaché à la canette a éliminé un déchet courant sans réellement transformer les habitudes des consommateurs à l’instar, peut être, des bouchons solidaires.

Emeline Julia

De montagne de déchets à colline aux oiseaux

D'abord une décharge à ciel ouvert, la colline aux oiseaux est aujourd'hui un agréable jardin dans lequel se baladent chaque année pas moins de 450 000 visiteurs.

2024 a aussi accueilli une roseraie 
©Ville de Caen

Derrière ses airs de jardin agréable et fleuri dans lequel on aime se prélasser, la Colline aux Oiseaux de Caen cache bien son jeu. Le parc ouvre ses portes en 1994, et la ville organise pour l'occasion une Floralie, une exposition rassemblant de multiples variétés de fleurs. Le parc s'étend sur 17 hectares et s'articule autour d'un massif, la fameuse colline. Mais cette butte n'est en rien issue d'un phénomène naturel. La zone est choisie, au cours du XXᵉ siècle, pour devenir la décharge à ciel ouvert de la ville de Caen.

La zone normalement plate devient au fur et à mesure un monticule de déchets. Les années passent et la décharge grossit, comme la ville d'ailleurs qui ne tarde pas à rattraper la zone. À sa création, la décharge était placée bien à l'écart de la ville. Mais l'urbanisation va passer par là et amener la ville à construire des logements toujours plus proches du monticule. En 1970, les maisons et immeubles entourent presque le lieu. Les voisins se plaignent d'odeurs, de nuisibles et de maladies qui commencent à se répandre dans les quartiers alentours. La situation est critique pour les Caennais.

Un projet d'envergure

La mairie cherche des solutions pour régler le problème de la décharge. Évidemment, sa fonction actuelle ne correspond plus à la ville normande en pleine croissance. Mais alors, que faire de ce lieu ? C'est Franck Duncombe, maire adjoint à l'environnement de Jean-Marie Girault, qui va trouver une réponse à cette question en 1976. Il faut en faire un parc. Pour lui, « il faut que chaque Caennais ait un parc à moins de 500 mètres de chez lui ». Il compte bien tenir sa promesse aux habitants et décide de transformer la décharge en parc floral. À partir de ce moment, dès 1980, ce sont des milliers de tonnes de terres qui sont charriées sur la colline pour enfouir les déchets.

À l'époque, c'est un grand projet qui coûte 1 500 000 francs à la mairie pendant les 5 premières années de travaux. On amène même une usine de broyage sur place pour réduire les déchets à enfouir. C'est après 14 ans de travaux que le parc ouvre en 1994. Aujourd'hui, le parc est l'un des plus iconiques de la ville de Caen et accueille plusieurs événements tout au long de l'année.

Bien de loin, mais quand on creuse un peu…

Bien que dans une démarche écologique, le projet n'est pas exempt de défaut. À l'époque, l'envie était déjà là d’amener la nature et la verdure dans les villes. Mais pas sûr qu'un tel projet pourrait être mené aujourd'hui. L'enfouissement des déchets directement sur place représente une problématique majeure que relève Grégory Aymond, chef des espaces verts de Caen la Mer : « On sait qu'il ne faut pas creuser trop profond, on pourrait vite retrouver les déchets. »

Erwan Dodard

Si Cléopâtre avait utilisé un parfum et ne l'avait pas recyclé, Beyoncé pourrait aujourd'hui l'utiliser.

Si Christophe Colomb avait porté un masque lors de son expédition en Amérique et qu'il l'avait jeté dans la nature, Jean-Jacques Goldman pourrait le ramasser.

Si Léonard de Vinci avait acheté un paquet de couches, Thomas Pesquet aurait pu les utiliser pour ses enfants.

Si lors de la rédaction de Roméo et Juliette, Shakespeare avait bu dans une canette de Redbull, Marilyn Monroe aurait pu l'apercevoir.  

Si Beethoven avait allumé une bougie avec un briquet en plastique, Albert Einstein aurait pu utiliser ce même briquet pour allumer un feu de cheminée.

Un gobelet utilisé par Michael Jackson lors d'un de ses concerts, serait toujours là aujourd'hui. 

Si au début de son mandat, Joe Biden avait collé un chewing-gum sous le bureau de la Maison Blanche, il y serait encore. 

Stop aux dépôts sauvages ! Le maire de Thionville passe à l’action

Garde champêtre, caméras de surveillance, le maire de Thionville déclare la chasse aux dépôts sauvages ouverte et dévoile son nouveau plan de lutte contre les incivilités.


Les déchets sont omniprésents dans notre quotidien. En 2021, le service public de gestion des déchets français a collecté 611 kg de déchets par habitants. Les ordures peuvent se retrouver dans le bac jaune et finir recyclées. Elles peuvent également être jetées dans la nature et finir par contaminer, l’environnement, le sol...

Dans les zones urbaines, les déchets abandonnés se retrouvent dans les égouts, engendrent de la pollution visuelle et dégagent une odeur forte. En Moselle, dans la commune de Thionville, le maire Pierre Cuny entend bien lutter contre ce qu’il qualifie lui-même de « fléau ».

Mise en place d’une brigade environnement

Malgré les nombreux points de collecte de déchets mis en place par la ville, il y a de nombreux dépôts sauvages. « Ce n’est pas normal que le lundi matin quand je passe devant la mairie, il y a des sacs en dehors des containers ». Une situation qui d’après lui, arrive tous les jours.

44,28% des dépôts sauvages thionvillois étaient situés en 2024 près d’un point d’apport volontaire.

Pour lutter contre cette incivilité, l’équipe de la mairie souhaite dans un premier temps recruter un garde champêtre. Si le nom fait sourire, il s’agit toutefois d’un métier très sérieux.  « Ce sera comme un policier municipal, mais avec une qualification particulière. Elle lui permettra d’aborder des montants de procès-verbaux allant de 135 € à 15 000 €, voire 75 000 € à partir du moment où une procédure judiciaire est lancée ».

Cet intervenant des forces de l’ordre pourra être amené à patrouiller en ville mais également dans les zones rurales aux alentours, où beaucoup de déchets sont abandonnés. Il sera également le superviseur d’une brigade pour l’environnement. 

« Chaque année, environ 100 tonnes de déchets sont récupérées en dehors des zones de ramassage », Pierre Cuny.

Caméras de surveillance et système de reconnaissance

Afin de lutter contre ces dépôts sauvages, en plus de la brigade environnement, la ville souhaite renforcer le système de vidéo surveillance. « Les gens agissent comme ça car ils pensent que rien ne peut leur arriver ». Une caméra a été placée devant un point de dépôts sauvage. En à peine quelques jours, un des coupables a été retrouvé.

Aujourd’hui seulement deux semaines après son installation, la zone est de nouveau salubre. Toujours d’après le maire de Thionville, « C’est une minorité de personne qui agit de la sorte mais elle dérange la majorité ». Des manières de se comporter qui ne vont pas dans le sens du vivre ensemble.

« La propreté au sein de notre ville, c’est une lutte de chaque jour », Patricia Renaux, adjointe au maire et vice-présidente en charge des questions liées à l’environnement.

D’ici deux ans, une trentaine de caméras de surveillance devraient être installées. Elles viendront s’ajouter aux 180 déjà existantes.

Si vous habitez Thionville où que vous y faites un saut, faites attention à bien respecter la gestion des déchets car « Bin brother is watching you ».

Noélie Lemaire